Dans sa configuration, la ruche "Kenyane" est tout l'opposé de la Warré. Au lieu de s'apparenter comme elle, à une cheminée, elle évoque plutôt un berceau car elle est tout en longueur, un mètre environ, bien qu'il n'y ait pas de longueur officielle. Elle est donc composée d'un nombre de barrettes proportionnelles à sa longueur. Inventée pour les pays en voie de développement, elle est tirée d'un demi-tronc d'arbre évidé qu'un toit vient recouvrir. Comme vous le devinez, le but est de construire une ruche à faible coût. Essentiellement présente en Afrique on en retrouve cependant des variantes en Corse et en Espagne.
Aujourd’hui sa particularité est d’avoir la forme d’un demi-hexagone, avec des angles de 120°, ainsi les abeilles ne solidarisent pas les parois avec les cires, ce qui permet de sortir les rayons très facilement. L’autre particularité : les barrettes font office de couvre-cadre puisqu’elles sont jointives.
On comprend donc qu'historiquement elle ait été plutôt présente dans les zones au climat clément. Mais elle devient de plus en plus présente en France ainsi qu'en Angleterre. Bien que j'ai renoncé à ce modèle de ruches, je vous conseille de l'utiliser uniquement si vous habitez dans une zone géographique au climat doux.
J'avais deux ruches Kenyanes afin de la présenter lors de mes stages d'apiculture. Je les avais cependant modifiée afin de faciliter le déplacement de la grappe dans les réserves de miel pendant l'hiver. Malheureusement la répartition de la chaleur et des réserves dans une ruche très large ne laisse que peu de chance à une petite colonie pendant l’hiver (même partitionnée) comparée à une ruche Warré.
Il existe deux types de configuration de ces ruches : l’entrée en façade, coté le plus petit, ou sur le côté, en largeur. Il faut savoir que son inventeur a élaboré cette ruche avec une entrée du côté le plus petit, ainsi les rayons sont perpendiculaires au sens d’entrée des abeilles dans la ruche.
Nous appelons cela une construction en "bâtisses chaudes". Cette architecture permet une meilleure préservation de la chaleur et un blocage du vent. L’autre point est que le miel sera stocké majoritairement en partie arrière de la ruche, permettant une progression plus logique de la grappe en hiver. Si maintenant, vous avez une entrée sur le plus grand coté, donc une construction dite en "bâtisses froides", le miel sera alors stocké sur les cadres de rives comme dans une ruche Dadant et la colonie se retrouvera avec la même problématique propre à celle-ci pendant l’hiver : les réserves sont coupées en deux et la grappe, une fois épuisement du stock d'un côté, ne pourra atteindre l’autre extrémité, car chaque rayon constitue une barrière à son déplacement. Pour cette raison seul un hiver clément permet un bon hivernage de la colonie. J'ai hiverné des colonies à 1200 mètres d'altitude en ruche Kenyane mais l'épaisseur du bois était supérieure aux standards et c'était toujours la colonie a redémarré la saison en dernière, pour moi la répartition thermique en était la raison. Pour cette raison seul un hiver clément permet un bon hivernage de la colonie. Il est tout de même bon de savoir qu’une colonie très populeuse s’adaptera parfaitement à la structure de cette ruche.
Il faut avouer que la "Kenyane" est très agréable à conduire mais cela uniquement si vous voulez fouiller dans la ruche ce qui n'a absolument aucun intérêt à part assouvir la curiosité. En effet, vous travaillez à hauteur d’homme, les rayons peuvent être sortis pour observation puisqu'ils ne collent pas aux parois. De plus, l’agrandissement est très simple (il suffit de déplacer la partition placée préalablement) et la récolte également (en chassant les abeilles du rayon avec une brosse). Une partition avec chasse-abeilles intégré est envisageable.
En conclusion je comprends que l'on trouve cette ruche plaisante mais elle porte bien son nom et reste réservé à un climat doux, enfin elle ne suit pas le déplacement naturel des abeilles au cours de la saison.
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